Va tranquillement parmi le vacarme et la hâte,
et souviens-toi que de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation,
vis autant que possible en bons termes avec toutes personnes.
Dis doucement et clairement ta vérité
et écoute les autres,
même le simple d’esprit et l’ignorant,
ils ont eux aussi leur histoire.
Évite les individus bruyants et agressifs,
ils sont une vexation pour l’esprit.
Ne te compare à personne,
tu risquerais de devenir vain ou vaniteux.
Il y a toujours plus grand et plus petit que toi.
Jouis de tes projets aussi bien que de tes accomplissements.
Sois toujours intéressé à ta carrière, aussi modeste soit-elle,
c’est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps.
Sois prudent dans tes affaires, car le monde est plein de fourberies.
Mais ne sois pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe,
nombreux sont ceux qui cherchent de grands idéaux,
et partout la vie est remplie d’héroïsme.
Sois toi-même.
Surtout n’affecte pas l’amitié.
Non plus ne sois cynique en amour,
car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement
aussi éternel que l’herbe.
Prends avec bonté le conseil des années,
en renonçant avec grâce à ta jeunesse.
Fortifie une puissance d’esprit pour te protéger en cas de malheur soudain.
Mais ne te chagrine pas avec des chimères.
De si nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d’une discipline saine,
sois doux avec toi-même.
Tu es un enfant de l’univers,
pas moins que les arbres et les étoiles,
tu as le droit d’être ici.
Qu’il te soit clair ou non,
l’univers se déroule sans doute comme il devrait.
Sois en paix avec Dieu,
quelle que soit ta conception de lui,
et quelles que soient tes peines et tes rêves,
garde dans le désarroi bruyant de la vie,
la paix dans ton âme.
Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés,
le monde est pourtant beau.
Sois positif et attentif aux autres.
Tâche d’être heureux.
Désidérata ou à la recherche du bonheur, poème de Max Erhmann 1927,
publié en 1948 par son épouse à titre posthume.
Une légende urbaine veut que ce texte ait été trouvé dans l’église Saint-Paul de Baltimore, USA, il y a plus de deux siècles. Il aurait été laissé dans cette église en 1692 par un auteur inconnu. La vérité est ailleurs : le véritable auteur s’appelle Max Ehrmann (1872-1945).